Gard : Les « Contes en balade » et les plaisirs de la Gourmandise !

La gourmandise n’en est que meilleure si elle est partagée, goûtée ensemble. N’est-ce pas là, la plus raffinée des manières d’afficher, de clamer que nous ne reculerons, ni ne renoncerons à vivre libre, bien que l’air du temps soit triste, après l’Horrible d’il y a une semaine, à Paris ? La DLL (Direction du Livre et de la Lecture du Gard)* avait déjà concocté, mijoté, cette semaine contée du 20 au 29 novembre, avec les conteurs invités, Kamel Guennoun et Marcel Dreux, Suzana Azquinezer, Gille Crépin et Claire Chevalier accompagnée de Barbara Schröeder. Vivons la, cette semaine de plaisirs, telle une bulle de bonheur simple à partager avec les autres pour se redonner du cœur ensemble ! Jouissons, gourmands de la vie ! 


12240000_445172649019656_3465418637454677256_nKamel Guennoun, un conteur généreux

kamel-guennoun (2)L’homme est métis kabylo-charentais, riche de sa double culture. Il sait donner du plaisir, avec générosité, en croisant ses racines des deux rives de la Méditerranée. Pourquoi est-il devenu conteur ? Sa grand-mère paternelle contait elle-même sur la place de son village d’enfance en Algérie et puis, le temps s’est écoulé… « J’ai découvert l’art des contes en 1987 à Alès lors d’un festival où se produisaient Jean-Pierre Chabrol*, et Henri Gougaud*, conteur. Ce fut alors une véritable révélation et j’ai aussitôt décidé de consacrer ma vie à cette passion. Après avoir exercé tous les métiers, j’avais enfin trouvé ma voie… ».

 

« La parole gourmande où le vin est divin »

Ambiance bistrot sur la scène, une table ronde, une bouteille de vin « divin », deux verres… Le conteur a un complice musicien, Marcel Dreux* l’accordéoniste. Dans la salle, les convives sont là, eux aussi autour de tables de bistrot. Ce vendredi 20 novembre, nous sommes invités aux agapes réjouissantes de Kamel Guennoun.  « …une table imaginaire qui ira de l’Orient à l’Occident, mélange subtil entre les arômes du sud de l’Occident et les épices de l’Orient. » Un harmonieux agencement des mots et des images autour du boire et du manger. Une vendange « au cœur du merveilleux des mythes fondateurs liés au patrimoine oral pour expliquer le monde et accéder à la connaissance », souligne notre hôte. Le merveilleux du conte dit les choses de la vie ! Il faut s’en régaler, s’en délecter. Les invités privilégiés que nous sommes, avons le plaisir de dégustations exquises, les sens en émoi.

Mise en bouche ! Rabelais, comme il se doit, est l’inspirateur de la chanson à boire pour éviter la pépie et plus encore, éviter une grave maladie ! Le vin est bon. « Ensemble, nous écouterons le vin avant qu’il ne nous rende sa caresse… »

Le banquet est ouvert… La table imaginaire est dressée. Les mets exquis du festin de Kamel sont annoncés… « …au son de l’accordéon, je vous conterai sans modération des histoires, des contes, des légendes où les mots et les mets font bon ménage. Je vous offrirai poèmes et citations. ». « Le conteur met le chemin sous ses pieds pour aller chercher ses histoires », affirme Kamel Guennoun. « L’homme marche, c’est comme çà depuis longtemps. » Sûr. Connaissons-nous l’origine du vin ? Dans la forêt primaire le premier homme découvre des fruits goûtés par les oiseaux…il ne les connaît pas. Curieux, il s’approche et les cueille, les goûte, les savoure. Comme il doit marcher encore et encore, il en fait une récolte, la met dans un creux, l’écrase et recouvre le tout. Des mois plus tard, à son retour, il découvre un breuvage suave et parfumé.  Le cycle des vendanges est né. Le plaisir éprouvé est un « geste de tendresse de l’humanité ! C’est divin ! Tiens, aujourd’hui, le vin serait-il obscur ? », souligne, tout sourire, le conteur.

Au menu, défilent les recettes gastronomiques, celle des langoustines plongées vives dans l’eau de cuisson, celle de la truite habillée de jambon, dorée à feu doux, tout est dans la dextérité du maniement du Laguiole et du retournement « un coup je te vois, un coup je ne te vois pas ! », celle de la gelée du lapereau à la sarriette.  Nous imaginons, nos papilles s’affolent.

Interlude ! Le petit vin blanc du côté de Nogent… Les convives chantent…aussi.

Au menu, il y a également les diverses histoires du Calife gourmand de loukoums, de cornes de gazelle et autres gâteaux au miel, de la Princesse, sa fille à marier et des Princes prétendants… Retenue, celle du Prince qui a allumé une simple bougie pour le merveilleux d’une lueur enveloppante et douce du salon du palais…la Princesse a succombé, « il lui avait tout simplement déclaré sa flamme ! ». La nuit qui s’en suivit fût singulière. Jolie, sans nul doute !                                                                                                                                                                           Interlude ! Les petites histoires de Nasreddine, le fou un sage ou le sage un peu fou. Rires et fou-rires !

Au menu, s’invitent les légendes et cuisine de là-bas, en Algérie…7 jeunes étudiants sont exilés à 7 kms de leur village natal pour apprendre le contenus des livres, clés de la liberté… Thé parfumé aux pignons et fumet du ragoût de mouton cuisiné réveillent notre odorat ! Les mots du conteur se pressent, roulent… La nuit du désert s’installe, un vieil homme demande de l’aide, les jeunes étudiants l’hébergent mais ne veulent pas partager leur repas exceptionnel. Au petit matin, le vieil homme conte son rêve gourmand. Stupeur ! Le rêve est dans la vraie vie, le vieil homme a mangé toute la viande du ragoût dans la nuit ! Morale de l’histoire… Qui est pris, qui croyait prendre ! Avec humour, sourire et un brin d’insolence, Kamel Guennoun dessine une philosophie de la vie quotidienne. Homme engagé, il raconte pour permettre à chacun de découvrir les clés de sa place, d’assumer la liberté de ses choix et s’éveiller au monde.

Les desserts sont servis ! Le conteur devient chanteur. Chanson d’ici… Celles réalistes qui interpellent l’humanité, Serge Reggiani et Yves Montand, « Il est des hommes ici et là qui ne survivent que de la condensation de leur infini intérieur. », ou  « …Si quelques paumés de l’univers, au Cabaret de la dernière chance se retrouvent autour d’un dernier verre viens prendre un air d’insouciance ! Danse ! »

Kamel Guennoun a convié son compagnon poète persan, Omar Ayam (Khayyâm), qui assure que seul le jour d’aujourd’hui est un véritable présent. Ce vendredi soir-là, nous avons su apprécier notre présent, un divertissant et savoureux banquet de plaisirs gourmands tissés de mots, de mets et de vin.

                                                                                                                                                                            Poésie, gravité et espoir. Invitons Aristote qui affirme que « L’art et le vin sont les joies supérieures de l’homme libre. » A votre tour, vous pouvez participer au Banquet de Kamel à Lirac dans le Gard, le dimanche 29 novembre à 16h00. Notez-le !

                                                                                                                                                                            Blandine Dumazel. Novembre 2015.

 

A savoir : Les informations sont sur http://www.biblio.gard.fr

*Jean-Pierre Chabrol, écrivain populaire cévenol et Henri Gougaud*, conteur

*Marcel Dreux, Musicien au sein de multiples formations musicales, il aborde des répertoires diversifiés : Variété, Musette, Jazz et l’Improvisation.

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