A l’écoute de l’histoire du monde, Chantal Constant est une femme aux talents multiples, libre et engagée vers les Autres. Invitation à mieux la connaître !
De l’essentiel de puiser dans les racines plurielles, les siennes propres et celles du monde…
Enracinée ici, en France, et dans l’Océan Indien, des rives du Sud de Madagascar à celles des côtes de la Réunion, Chantal Constant est métisse. L’entremêlement de ses racines a nourri au fil des ans, son désir inné – sans doute – de s’ouvrir à l’histoire des gens du monde, les gens d’ici et d’ailleurs.
Née et grandie jusqu’à 12 ans à Madagascar, son arrivée en France fût vécue avec déchirement. Depuis, dans l’Hexagone, elle construit sa vie de femme. Au cours de mutations dans l’Hexagone, sa vie professionnelle s’édifie, particulièrement en tant que professeur d’histoire et de géographie avant de devenir documentaliste. Des matières voyageuses qui confirment son goût des autres et des mots et l’invitent à se lancer sur le chemin des mots dits. Une vie riche. Chantal Constant s’est arrimée à Bordeaux, port de vie au passé – que nous savons – tourné vers les terres exotiques. Sur ce thème-là, elle entame un travail d’importance et va s’envoler vers le Brésil. Ici, quand elle ne s’installe pas à sa table de travail, elle aime jouir des bords de la Garonne, pour les préparations de son travail pluriel autour du conte, formatrice, conférencière*, conteuse.
Sans oublier, son travail d’auteur* qui fait la part belle à sa terre natale, bien sûr ! Des ouvrages en quête d’éditeurs, il faut le dire !
Le conte parle du Monde Au cours de ses nombreux voyages autour du monde, Chantal Constant fait des rencontres, se délecte des mots écrits, histoires et légendes, récits d’autrefois, capte des mots, racontés, entendus. Naît le désir de partager avec tous. C’est là, l’essentiel : recevoir et donner. Alors, naturellement, elle entame avec détermination des allers et retours hebdomadaires à Paris pour suivre les ateliers d’Henri Gougaud, lequel apprend que « le conte est un art de la relation. Rien moins que l’apprentissage de la liberté. »
La passionnée des mots grandit, trace son chemin : « Ces contes nous parlent, de nous, des autres, du monde que nous habitions, que nous habitons. Ils ont voyagé depuis la nuit des temps. Ils ont des mots de tous les âges. Ils sont heureux qu’on les entende, dans l’intimité d’une voix qui les porte, dans le creux d’un temps qui s’arrête, dans la chaleur des retrouvailles avec nous-mêmes, dans l’étonnement des rencontres avec d’autres. »
Chantal Constant dit des contes universels
Invitée de divers festivals en France, au Canada et à Madagascar, la « Passeuse d’histoires », qu’elle est, dit ses « Tours de contes », comme elle les nomme. Des moments prisés pour voyager ici et au-delà des mers. Toujours.
La posture du corps est sobre, tandis que s’animent le visage et les mains pour partager. La voix tout en intonations nuancées provoque l’ancrage du regard. Les spectateurs auditeurs écoutent, attentifs, comme on écoutait jadis au coin du feu de cheminée ici ou autour du feu assis en rond sur la terre battue sous l’arbre à palabres en Afrique ou encore réunis après le repas du soir à Madagascar.
Ce soir, samedi 11 avril, à Bordeaux, le tour du « Chant des pistes de l’Ile Rouge » raconte Madagascar. Un cadeau ! La conteuse appelle « Angano, Angano ! », « Conte ! Conte ! ». Le public interroge « Arira ! Arira ! », « Qui ment ? » « Qui ment ? ». La réponse fuse « Ce n’est pas moi qui mens, ce sont les ancêtres qui l’ont dit ! Moi, je n’y étais pas ! » Le « dire » des contes peu commencer ! Nous écoutons, tout proche. Nous découvrons les paysages de la Grande Île, plaines de l’Ouest et plages de la côte Est, les Hauts Plateaux centraux. Le danseur Zingour et l’oiseau du roi, Tsikif et ses frères, Têhta le pêcheur, Zatouv et la fille des eaux et enfin N’Gahno et son secret, enchantent l’auditoire. Au cœur du conte, quelques mots en langue malgache, les paroles chantées d’une mélopée, le bruit des vagues magiquement roulées dans le bambou pour dire l’âme des Malgaches.
Au mois de février, c’était un voyage aux pays des tapis d’Orient, « Les contes de la tisserande ». Evasion.
Tous ces contes venus du fond des temps nous interpellent souvent sur notre société du XXIe siècle. Surprenant miroir du temps ! Chantal Constant, avec ses mots, conte notre histoire d’ici et d’ailleurs. « Présence, générosité, force tendre, voilà Chantal Constant et son régal de contes », dit Henri Gougaud. Liberté, aussi ! « Misaotra ! », « Merci ! »
Blandine Dumazel. Avril 2015.
* « Retour à l’amer », Chantal Constant et Esther Randrimamonjy. Ed. Antananarivo-Sainte-Marthe 2005-2006 * Conférence à l’auditorium de la médiathèque de Mérignac : « Qu’est-ce que le conte ? Qu’est-ce qu’être conteur aujourd’hui ? »
Votre commentaire